Cérémonie d’ouverture officielle du “Dialogue
Politique”
Voici l’intégralité de ce que Patrice Talon a
dit
Publié
le 10 Oct. 2019 à 13h 55’
Par
Loth HOUSSOU, La TEMPÊTE
Tel qu’annoncé
depuis la semaine dernière, la première plus grand assise nationale sous le
régime de la Rupture à travers les représentations des partis politiques s’est ouverte
ce matin, au Palais des Congrès de Cotonou. Conduit par Dorothée Cossi Sossa et
Me Victor Prudent Tokpanou en tant que facilitateur et rapporteur, ce duo sera
épaulé par deux (02) autres rapporteurs qui devraient être désignés par les
délégués des 10 partis politiques invités.
A l’ouverture
de la cérémonie, le Président de la Rapublique a rappelé les raisons
fondamentales nécessaires qui soutendent l’instauration de ce dialogue.
Lisez plutôt
l’intégralité de son allocution.
MESSAGE DU
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À L'OCCASION DE L'OUVERTURE DU DIALOGUE POLITIQUE
Madame et
Messieurs les Présidents des Institutions,
Mesdames et
Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et
Messieurs les responsables de partis politiques,
Mesdames et
Messieurs les Délégués au Dialogue Politique,
Distingués
invités,
Permettez-moi
d’exprimer à chacun de vous, au nom de la République tout entière, ma
satisfaction et ma reconnaissance pour votre présence qui témoigne de votre amour
et de votre disponibilité pour notre cher pays.
Notre
rencontre de ce jour, loin d’être le signe d’un quelconque stress de notre
démocratie, s’apparente à mon sens, à une exigence de check-up quand survient
une quinte de toux d’une résonnance inhabituelle.
Mesdames et
messieurs,
Notre
système partisan était devenu nuisible pour notre pays, tel un ongle incarné
dans l’orteil.
Fallait-il
le tailler avec courage dans la douleur ou ne rien faire au préjudice indéfini
du bien-être ?
Avec honneur
et responsabilité, la 7ème législature de notre pays a vaincu la fatalité en
réformant notre dispositif partisan par le vote à la quasi-unanimité de ses
députés toutes tendances confondues, d’une nouvelle charte des partis
politiques et d’un nouveau code électoral pour répondre à notre besoin unanime
d’assainissement.
A la mise en
œuvre de ces lois, Mesdames et Messieurs, nous nous sommes déchirés au point de
compromettre notre cohésion.
Nous,
acteurs politiques, avons semé à notre propre égard, le doute, la méfiance et
la défiance dans l’esprit de nos concitoyens.
Si les
évènements des mois d’avril, de mai et juin n’ont pas remis en cause le
processus démocratique de notre pays, encore moins son édifice républicain, ils
auront néanmoins révélé une certaine inadéquation entre l’idéal unanimement
partagé et notre capacité à nous adapter tous aux exigences de cet idéal.
Mesdames et
messieurs,
Notre pays
nous appelle au réalisme, à la solidarité, à la cohésion.
Aussi
indiqués qu’ils puissent paraître, notre charte des partis politiques et notre
code électoral nous ont causé du tort, parce que bon nombre d’entre nous, à la
mise en œuvre, ne s’y sont pas retrouvés.
Aussi
apparaît-il désormais pertinent que les acteurs politiques se retrouvent pour
apprécier leur application, réfléchir et échanger sur les adaptations possibles
à y apporter en vue d’une meilleure et réaliste organisation de l’espace
politique et de la compétition politique, permettant le renforcement de l’unité
nationale et de la concorde, tout en préservant l’indispensable assainissement
des pratiques politiques.
C’est
convaincu de cet idéal que j’ai convoqué les présentes assises dédiées au
Dialogue Politique ainsi que je m’y suis engagé le 20 mai dernier devant notre
peuple, puis réitéré le 15 juillet, lors de ma rencontre avec certains
responsables politiques.
Mesdames et
messieurs,
Le dialogue
politique auquel je vous convie trouve sa justification dans la volonté de
notre peuple de voir ses acteurs politiques se hisser à la hauteur des défis qu’imposent
la construction de l’Etat et la consolidation de la nation.
Il s’inscrit
dans mon souci permanent d’associer les acteurs politiques à la recherche des
compromis aux questions politiques essentielles, notamment électorales, dont la
résolution est indispensable à notre cohésion et à notre marche vers le
progrès.
Sa finalité
réside dans les recommandations responsables qu’il vous appartiendra de
formuler à mon endroit.
Je suis
convaincu que la foi qui vous anime et l’engagement politique responsable qui
est le vôtre, nous permettront de trouver les solutions qui renforcent
davantage nos institutions et les éloignent de toutes les formes de perversion
et de régression.
Nous savons
tous et il n’est pas superflu de le rappeler ici ce matin, que pour mettre fin
aux pratiques qui retardent son développement et créer les conditions de la
prospérité en vue d’offrir de meilleures conditions de vie à ses enfants, notre
pays a besoin de réformes d’envergure, telle que la réforme du système
partisan.
En effet, le
système partisan tel qu’institué, perçu et pratiqué depuis 1991, ne fournit pas
toujours les moyens politiques de résilience aux défis institutionnels,
économiques et socio-politiques.
Il peine
surtout à mobiliser durablement en nombre suffisant dans des ensembles
homogènes, les ressources politiques qualitatives nécessaires à la performance
de l’Etat dans la réalisation de ses missions essentielles.
L’intérêt
n’est-il pas élevé de réformer notre modèle pour l’adapter à nos besoins de
bonne gouvernance, à travers l’instauration de règles contraignant à la
constitution de grands ensembles politiques sains, animateurs exclusifs de la
compétition politique ?
Mesdames et
Messieurs,
Dans la vie
d’une nation, de telles rencontres ne sont pas fréquentes, même si elles sont
souhaitées.
C’est
pourquoi, je félicite les délégués des différents partis politiques ici
représentés pour leur désignation, et les invite à saisir la présente occasion
pour explorer toutes les pistes possibles d’amélioration de l’arsenal juridique
régissant notre dispositif électoral et pour formuler des recommandations
pertinentes pour y parvenir.
A ce propos,
je ne doute pas que le sens du devoir vis-à-vis de la République prévaudra lors
des échanges et que sera préservé l’essentiel : l’impérieuse nécessité de
réformer nos pratiques politiques et partisanes afin d’améliorer la gouvernance
générale du pays.
Ainsi nous
donnerons à notre peuple des raisons de continuer à croire en nous, acteurs
politiques, car il aura compris que les réformes difficiles mais nécessaires ne
nous épargnent pas non plus.
Mieux, nos
concitoyens apprécieraient bien de voir que nous consentons, nous aussi, les
sacrifices nécessaires au développement de tous comme nous le leur demandons.
En tout état
de cause, je veux ici vous rassurer, Mesdames et Messieurs les Délégués, que
mon Gouvernement appréciera avec diligence la pertinence et l’opportunité de
vos recommandations en vue d’accomplir les actes qui relèveront de sa
responsabilité.
Je ne doute
pas qu’il en sera de même pour l’Assemblée nationale.
Je ne
ménagerai aucun effort personnel à cet effet.
Mesdames et
Messieurs
Je voudrais,
pour finir, vous remercier d’avoir accepté de vous investir dans cette mission
de haute portée nationale.
Pour
garantir le bon déroulement de vos échanges dans le respect mutuel, j’ai chargé
Monsieur Dorothée Cossi SOSSA dont l’expérience intellectuelle, politique et
professionnelle est connue de tous, d’en assurer la conduite et la
facilitation.
A ses côtés
officieront Monsieur Victor Prudent TOPANOU, que j’ai désigné comme premier
Rapporteur, et deux autres que vous désignerez en votre sein.
Comptant sur
l’engagement de chacun et de tous au service de la République, notre bien
commun, je déclare ouvert le Dialogue Politique dont j’aurai le bonheur de
recevoir, ici même samedi prochain, les conclusions.
Vive la
classe politique !
Vive le
Bénin !
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