Riposte
contre le Coronavirus au Bénin
Patrice
Talon a enfin parlé !
(Lire
l’intégralité de ce que le Chef de l’Etat a dit ce dimanche)
Publié
le 29 Mars 2020 à 15h 43’
Par
La Rédaction, La TEMPÊTE Infos
Accusé à tort d’un
mutisme qui n’agrée pas selon l’opinion publique depuis l’entré du Bénin dans
le cercle des pays touchés par la Covid-19, le Président de la République du Bénin,
Patrice Talon s’est enfin adressé à son peuple. Dans un entretien conduit ce
dimanche 29 mars 2020 par Angela KPEIDJA, journaliste spécialisée des questions
de santé à l’ORTB, le chantre de la Rupture et du Nouveau Départ a égrené point
par point, les points culminants relatifs à la riposte contre cette pandémie
qui continue de faire ravage dans plusieurs pays du monde.
Lisez plutôt.
Monsieur
le Président, bonjour et merci de recevoir l’ORTB dans votre bureau, symbole du
siège de vos inspirations, de vos réflexions et surtout de vos décisions.
C’est
pour moi un privilège dont je ne saurais abuser en ces temps si difficiles.
Monsieur
le président, les circonstances nous interdisent la promiscuité et je voudrais
m’assurer que vous m’entendez bien malgré la distance qui nous sépare.
Journaliste
: Monsieur
le Président, depuis des semaines, le Bénin, à l’instar des autres pays du
monde, est confronté à un choc sanitaire sans pareil pour notre génération,
pourquoi êtes-vous resté silencieux depuis ce temps ?
Patrice
TALON : Mme
KPEIDJA, vous avez dit choc sanitaire et vous avez bien raison.
La
situation sanitaire et le risque sanitaire auxquels nous soumet le coronavirus
sont préoccupants, sinon très graves. Mon gouvernement et moi-même avons pris
la mesure de l’enjeu.
Si
mes compatriotes n’ont pas encore eu l’occasion de m’entendre en personne,
c’est bien parce que je suis à la tâche, jour et nuit, minute après minute.
Je
m’implique personnellement dans tous les segments de la riposte :
-
la collecte des données aux plans national et international ;
-
leur analyse ;
-
l’appréciation des impacts sanitaires, médicaux, financiers, économiques et
sociaux ;
-
les projections à court et moyen termes ;
-
la stratégie et la mise en œuvre d’actions ;
-
le suivi et l’évaluation des recommandations et des opérations.
Je
sais combien il est indispensable, utile, de parler pour expliquer, rassurer et
obtenir l’adhésion de tous à la stratégie et aux décisions, mais sachant que la
plupart des Béninois nous font confiance, j’ai consacré mon esprit à l’analyse
sereine de la situation et de toutes ses implications.
C’est
pour moi l’occasion de remercier l’ORTB de me donner l’occasion de vous dire,
Mme, à vous et à mes compatriotes, que la situation est vraiment grave et que
le risque est grand.
Mais
rassurez-vous Mme, je voudrais pouvoir rassurer mes compatriotes que, empêcher
le coronavirus de se propager au Bénin et d’y faire beaucoup de victimes, est à
notre portée.
Les
actions engagées par le Gouvernement et les mesures prescrites sont
susceptibles de nous faire gagner, si chacun de nous joue bien sa partition.
Journaliste
: Monsieur
le Président, ne trouvez-vous pas que votre Gouvernement et vous-même avez
manqué de promptitude dans la prise des décisions et que celles-ci ne sont pas
aussi radicales qu’il faut ?
Patrice
TALON : La
ligne de conduite du Gouvernement est la définition et la prescription des
actions et mesures de riposte effective, ainsi que leurs timings réalistes de
mise en œuvre efficace.
Pour
donner des résultats palpables, il y a des mesures qui doivent être mises en
œuvre par package.
Certaines
mesures n’ont pas le même degré de pertinence partout et d’autres nécessitent
même que les acteurs concernés disposent d’un minimum de temps pour s’apprêter.
Il
y a aussi des actions et des mesures qui ne sont pas soutenables trop
longtemps, dans notre contexte et pour lesquelles il faut trouver le bon timing
de mise en œuvre.
Vous
savez, pour accompagner les réductions de mobilité ou les confinements, les
pays riches débloquent des sommes faramineuses et certains font même recours à
des solutions monétaires à peine déguisées, voire la planche à billets pour
prévenir le chaos socio-économique inévitable autrement.
Le
Bénin notre pays, a l’instar de la plupart des pays d’Afrique, ne dispose pas
de ces moyens.
Et
si nous ne tenions pas compte de tout cela, nous pourrions dans notre action,
déclencher un chaos qui remettrait même en cause le minimum impératif de la
lutte.
Il
y a également un autre facteur très déterminant que le commun des commentateurs
ne peut percevoir, c’est l’après Covid ! Parce que ce combat, nous allons le
gagner forcément.
Nous
devons donc combattre le mal et le vaincre, mais sans compromettre notre survie
après victoire.
Si
nous prenons des mesures qui affament tout le monde à la fois et trop
longtemps, elles finiront très vite par être bravées et bafouées sans avoir
permis d’atteindre les objectifs.
Je
vous donne un exemple concret :
Contrairement
aux citoyens des pays développés d’Amérique, d’Europe et d’Asie, la grande
majorité des Béninois ont un revenu non salarial. Combien de personnes au Bénin
ont un salaire mensuel et qui peuvent attendre deux, trois ou quatre semaines
même sans travailler et vivre des revenus du mois ? Combien ?
Comment
peut-on donc, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la
popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement
général de longue durée ?
Les
mesures que nous venons de prescrire et qui vont entrer en vigueur dès demain
lundi, nous permettront d’empêcher la propagation du virus à l’intérieur du
pays, tout en préservant l’activité économique dans une partie du territoire,
et en réduisant seulement la mobilité de certains acteurs dans la zone
critique.
C’est
un exercice très difficile qui requiert sérénité, sang-froid et perspicacité.
Nous
avons pris les mesures qui s’imposent avec sens de responsabilité et
discernement.
Nous
veillerons donc sans complaisance à leur respect par tous.
Journaliste
: Alors
finalement monsieur le Président, quelle est votre sincère et intime
conviction, Monsieur le Président, par rapport à ce qui nous attend à court et
moyen terme ?
Patrice
TALON : Ce
que je voudrais dire à mes compatriotes est que la menace est sérieuse, elle
est grave, mais que nous avons collectivement les moyens d’y faire face.
Notre
survie individuelle et collective est entre nos mains, elle est entre les mains
de chacun de nous pris individuellement. Chacun de mes compatriotes, vous et
moi, pris individuellement, est désormais responsables de notre survie. Nous
n’avons pas besoin de beaucoup d’intelligence, de beaucoup de moyens, de
beaucoup d’imagination. Il nous suffira simplement, à chacun, de respecter les
mesures, les prescriptions, qui ont fait leurs preuves par ailleurs.
Cela
nécessitera beaucoup de sacrifices certes, d’énormes sacrifices pour certains,
mais à la fin, chacun sera fier d’avoir joué sa partition, d’avoir lui aussi
payé un certain prix, et d’avoir vaincu lui aussi le coronavirus.
Nous
sommes une grande nation, nous allons en donner la preuve une fois encore en
éliminant le coronavirus de notre pays sans grand dégât. J’y crois. J’invite
mes concitoyens à y croire parce que, je veux le répéter, les moyens d’y
parvenir sont à notre portée. Ils dépendent de chacun de nous. Nous sommes
capables chacun de les mettre en œuvre, de les respecter, avec juste un peu de
volonté, de la discipline et l’envie, la volonté de consentir chacun un peu de
sacrifice, pour nous pris ensemble et pour nous individuellement.
Ma
conviction pour demain est que chacun de mes Béninois est capable de respecter
les mesures, de faire l’effort qu’il faut. Ma conviction pour après-demain est
que nous allons gagner, et que nous allons continuer notre marche vers le
développement.
Journaliste
: Nous
sommes au terme de cet entretien, Monsieur le Président de la République. Je
vous remercie.
Patrice
TALON : Merci
Mme et je vous invite à donner m’exemple autour de vous. Et si chacun peut
faire pareil, faire ce qu’il faut, ce qui est prescrit et en donner l’exemple,
nous allons collectivement y arriver.
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